Comment combattre le Front national

Auteur

Joël Roman

Année de publication

1996

Cet article est paru dans

Joël Roman passe en revue cinq stratégies utilisées pour combattre le Front national. Il évalue l'ignorance comme contre-productive, la diabolisation comme un moyen de raffermir les convictions de ses électeurs, le mimétisme comme une légitimation de ses idées et la banalisation comme une façon insidieuse de faire progresser ses votes. Finalement, c'est le véritable affrontement, armé d'une contre-argumentation solide,  qui pourrait contrer la propagation du Front national.

Pourquoi les stratégies d’ignorance, de diabolisation, de mimétisme et de banalisation ont-elles toutes échouéau fil des années ? Il conviendrait d’opposer enfin une contre-argumentation aux propos tendancieux du Front national... 

 

Pour tous ceux qui ne se résignent pas à voir le Front national augmenter ses scores à chaque consultation électorale ou presque, s’installer durablement dans le paysage à près de 15 % des voix à chaque consultation nationale, l’emporter dans des élections municipales, certes spécifiques, mais significatives comme il l’a fait en juin dernier à Toulon, Orange et Marignane, la question de la stratégie à adopter pour lutter contre lui se pose avec insistance. En mai dernier, dans une tribune de la page “Rebonds” de Libération (le 15 mai), repris dans un article d'Esprit (juin 1995), j ’avais proposé de distinguer cinq stratégies : l’ignorance, la diabolisation, le mimétisme, la banalisation, l’affrontement. Les quatre premières me semblaient peu ou prou avoir échoué, quoiqu’avec des conséquences fort différentes, et la cinquième, la seule valide à mes yeux, n’avait été que timidement et incomplètement essayée. Cette typologie a semble-t-il suscité de l’intérêt, puisqu’elle a été reprise ou complétée (mais sans y apporter de changements majeurs, me semble-t-il) par divers analystes, dont Dominique Jamet et Pierre-André Taguieff 1. C’est pourquoi je la crois encore valide, et il me semble qu’il est nécessaire d’y réfléchir plus avant, à la lumière des événements politiques et sociaux récents. 

 

Les cinq stratégies contre le Front national


Que recouvrent tout d’abord ces cinq catégories ? Pour le rappeler brièvement, l’ignorance fut d’abord la première stratégie suivie. Elle consiste à refuser au maximum au Front national l’accès à la visibilité, à commencer par l’accès aux médias et à établir autour de lui un véritable cordon sanitaire. Efficace avec un mouvement encore faible, cette stratégie suppose une discipline sans faille de tous les acteurs concernés, médias et classe politique. A partir du moment où l’un quelconque rompt le pacte, comme ce fut le cas médiatiquement avec l’Heure de vérité qui fut consacrée à Le Pen en février 1984 2, puis de plus en plus par la suite, cette stratégie n’a plus de pertinence ni d’espoir de réussite. Elle peut même alors aboutir au contraire de ce qu’elle vise, en faisant de Le Pen un martyr.

La diabolisation consiste, au lieu de faire silence sur le Front national, à en parler beaucoup, en maximisant à chaque fois le danger qu’il représente. Elle recourt à plusieurs arguments : le parallèle historique, notamment avec le nazisme ; le refus de tout accommodement, thématique ou institutionnel ; l’idée que le Front national est aujourd’hui le principal, voire le seul défi que la démocratie aurait à affronter. Elle a peu ou prou sous-tendu tous les discours qui faisaient du Front natio nal l’arbitre des précédentes élections présidentielles.

Le mimétisme est la stratégie exactement inverse, et elle a été au mieux illustrée par Charles Pasqua. Elle vise à “couper l’herbe sous le pied” de Le Pen en reprenant sa thématique, en agissant dans son sens, notamment à l’égard des immigrés. A l’évidence, cette stratégie a montré son échec : le vote Le Pen n’en a pas été diminué, mais augmenté. On aurait pu s’épargner cette vérification expérimentale : cette stratégie aboutit en effet, malgré ses intentions républicaines avouées, à valider les thèmes que Le Pen met en avant en leur conférant une dignité et une légitimité qu’ils n’auraient pas eues autrement. Son discours n’en prend que plus de poids, et son influence est accrue.

Ni ignorance, ni mimétisme, la stratégie de banalisation consiste à tenter de priver Le Pen de son principal argument : la marginalité dans laquelle il serait tenu par les forces politiques en place et les institutions. Il s’agit de banaliser son image, notamment médiatique, d’intégrer le Front national au jeu politique, à la représentation et aux alliances, en espérant ainsi le conduire à amender un discours de rupture et neutraliser sa capacité de nuire. C’est au fond la thèse du compromis institutionnel, et non plus thématique, avec le Front national. Le Front national serait à droite, une force extrémiste symétrique du parti communiste à gauche, ni plus ni moins démocratique que lui, qu’il faudrait traiter de la même manière. On peut espérer de certaines alliances qu’elles conduisent à la réduction de son influence, comme l’union de la gauche a permis de réduire celle du parti communiste. D’une manière générale, on estime qu’il est impossible de tenir 10 à 15 % du corps électoral en dehors du jeu institutionnel.

L’affrontement, enfin, qui me semblait être une stratégie insuffisamment explorée, consiste à engager la bataille avec le Front national sur les fronts idéologique, politique et social à la fois, sans jamais faire aucune concession, ni de fond, ni tactique. 

Avant de détailler ce que pourrait être une telle logique de l'affrontement, il est nécessaire de revenir brièvement sur les échecs des autres stratégies, qui non seulement ne se sont pas révélées efficaces, mais ont parfois, voire même souvent, apporté de l’eau au moulin du Front national. L’ignorance, on l'a dit, n’est plus tenable dès lors que le consensus est rompu. Le mimétisme, qui tente toujours semble-t-il certains responsables de droite, a bien prouvé, avec l’action et le discours de Charles Pasqua, qu’il ne pouvait être une stratégie viable, car les avantages qu'en tire le Front national en reconnaissance de la validité de ses thèses sont bien supérieures à la concurrence qu’on lui fait. La logique même du Front national est de pousser toujours plus loin ses exigences, d'être sans cesse dans la surenchère : dès lors le mimétisme est condamné soit à le suivre toujours davantage pour finir par faire du lepénisme sans Le Pen (et on ne voit pas bien l'intérêt), soit à être débordé par cette surenchère. 

De fait, les deux stratégies les plus répandues, et qui sont le plus souvent mises en avant par les opposants au Front national sont la banalisation et la diabolisation. Leurs insuffisances ne tiennent pas seulement à leur absence constatable de résultat. Elles contribuent en effet, chacune à sa manière, à conforter le Front national, et le font d’autant mieux que le balancement ou l’hésitation de l’une à l’autre conduit parfois à la paralysie.

La banalisation ne peut en effet réussir, car elle revient trop souvent à instrumenter le Front national dans des jeux tactiques : dès lors qu’il s’agit de montrer que c’est un parti comme un autre, les alliances sont possibles, il est loisible de chasser sur son terrain idéologique, ou, en sens inverse, d’embarrasser ses adversaires en l’introduisant dans le jeu, ce que fit notamment François Mitterrand en optant pour le scrutin proportionnel lors des législatives de 1986. Or c’est oublier que le Front national a, lui, une stratégie très ferme, un programme, bref une consistance qui l’amène à ne pas vouloir jouer les supplétifs de telle ou telle manœuvre tactique, mais de s’en servir à son profit. Les parallèles même qu’on opère avec le Parti communiste sont biaisés : non que ce dernier soit un parangon de démocratie, mais on oublie que le communisme a été, et demeure en partie, à l’Ouest tout au moins, une idéologie d’émancipation. On peut la juger erronée ou fourvoyée, mais ce n’est pas un discours d’exclusion qui est tenu. En outre, le contexte international et l’ambiance idéologique de cette fin de siècle interdisent le parallèle : il n’y a plus de modèle communiste, mais bien plutôt des repoussoirs (et cet effondrement-là a sans doute pesé beaucoup dans la baisse d’influence du Parti communiste, qu’on ne saurait attribuer à la seule concurrence du Parti socialiste, sans compter les mutations sociologiques qu’a connues la France), tandis que les peurs planétaires poussent un peu partout au repli identitaire. C'est un Parti communiste en déclin que l’Union de la gauche avait fait reculer, c’est un Front national en plein essor que l'on prétend instrumenter en le banalisant. 

 

La banalisation par les médias


C’est encore plus vrai de l’attitude des médias : en prétendant avoir désamorcé le Front en ayant banalisé son image, ils n’ont en fait réussi qu’à lui offrir des tribunes toujours plus nombreuses, et à conférer légitimité et respectabilité à des propos qui ne les ont pas. Car les médias ne sont pas seulement en charge de montrer ce qui est, contrairement à ce que croient la plupart des acteurs médiatiques : ils ont aussi une fonction de configuration de l’espace public, des arguments qui y sont recevables, de ceux qui ne le sont pas. Le fameux débat télévisé Le Pen-Tapie, arbitré par Paul Amar, l’a montré : la tolérance médiatique ne connaît guère de bornes, sauf peut-être en ce qui concerne la fonction des journalistes ; là, on ne plaisante plus ! On se souvient que le présentateur sortit de ses gonds à une mise en cause des journalistes, protestant que « on ne peut pas dire n ’importe : Vous êtes ici chez moi ! », offrant ainsi sur un plateau à Le Pen de rappeler qu’on était sur une chaîne publique de télévision et qu’il y était chez lui aussi.

 

La diabolisation du FN lui profite


Il sembleI donc que la stratégie de banalisation soit condamnée à ne devoir que servir la progression du Front national, en étant maigrement payée des concessions qu’elle est amenée à lui faire. D’où la tentation forte d’adopter l'autre attitude, celle de diabolisation.

A rebours en effet, la diabolisation non seulement refuse tout compromis avec le Front national, mais estime qu’il faut le dénoncer en permanence et focaliser sur lui toute l’attention nécessaire.

On a vu à l’occasion des élections municipales de juin 1995, notamment à Vitrolles, puis ensuite à propos des différents appels au boycott des villes acquises par le Front national, se manifester dans toute sa vigueur cette stratégie de diabolisation. Le problème est qu’une telle attitude, en apparence intransigeante, devient vite stérile si elle ne s’accompagne pas de propositions positives à faire à ceux qui sont tentés de voter Front national. On le voit aujourd’hui à Vitrolles, et ce sont des situations analogues qui ont conduit aux victoires du Front à Toulon, Orange et Marignane : ce sont tantôt la corruption, tantôt la désunion et le manque de crédibilité des forces politiques classiques, tantôt un mélange des deux qui les ont conduites à la défaite. Les mêmes causes pourraient avoir demain, en cas d’élection anticipée, les mêmes effets à Vitrolles. Face à cette défaillance de l’offre politique traditionnelle, il ne sert à rien de faire honte, ou peur, à ceux qui seraient tentés de voter Front national. Leur conviction s’en trouve plutôt raffermie.

La stratégie de diabolisation, en surestimant le Front national, contribue à en renforcer le poids sur la vie poli tique et l’audience. Elle est son meilleur agent publicitaire. Bref, on est vite conduit à penser que la France est aujourd’hui potentiellement majoritairement fasciste. Enfin cette opposition purement idéologique au Front, à partir d'une dénonciation morale, donne le sentiment qu’il s’agit parfois de conforter la bonne conscience des bien-pensants, tandis qu’ils se désintéressent des raisons sociales (chômage, insécurité, conditions de vie) qui conduisent une partie de leurs concitoyens à de telles extrémités. Et là encore, on nourrit l’argumentaire de Le Pen.

Certes, il est possible de concilier une intransigeance résolue envers le Front national et la volonté de reconquête politique, et sans doute, ne faut-il pas choisir entre les deux, comme le pensent certains : « Mais la mise en cause de l'ainsi nommée “diabolisation” du Front national nous paraît ambiguë. Et si diabolisation et banalisation s’opposent, la première nous semble très préférable à la seconde. Mais la diabolisation du FN n’interdit pas la reconquête d’électeurs lepénistes ; l’opposition radicale aux élus d’extrême-droite n’interdit pas la discussion sans complaisance mais soutenue avec les électeurs qui, à un moment, votent pour l’extrême-droite ; la dénonciation efficace des thèses du FN n’empêche pas la compréhension des ressorts du vote FN, et l'action pour les briser. »3 II reste que la diabolisation verse vite dans l’instrumentation politique à son tour. Je serais donc plutôt d’avis, en suivant Pascal Perrineau, que Martine Aubry et Olivier Duhamel citent à ce propos, de ne pas verser dans l’excès à ce propos, et de développer davantage la stratégie que je préfère appeler d’affrontement, qui rejoint les propositions faites par d’autres, comme Pierre-André Taguieff, qui parle de harcè lement argumentatif.

 

Pour une véritable confrontation


Elle se distingue notamment de la diabolisation par son refus de s’en tenir à une disqualification morale du Front national. Il faut développer des contre-argumentations qui montrent à quel point ses arguments sont erronés, tendancieux, fallacieux. Cela veut dire notamment accepter de tenir un discours sur l’immigration, par exemple, sans avoir immédiatement peur que ce terrain favorise le Front national. Il nous faut assumer un discours sur les valeurs d’accueil et le droit, notamment en ce qui concerne l'asile ou le regroupement des étrangers, mais aussi sur les problèmes économiques de l’immigration, et au-delà, sur le type de société que nous voulons construire, c’est-à-dire aussi sur la nation et l’Europe.

Mais l’offensive idéologique ne se joue pas seulement sur ces terrains-là : il en va aussi de l’appréhension de la société française, et de la manière dont on décrit ses fragilités ou ses lignes de fracture. La démagogie éhontée qui a accompagné dans les commentaires d’un certain nombre d’observateurs le mouvement de grèves de décembre 1995, avec la dénonciation forcenée de prétendues “élites”, adeptes d’une prétendue “pensée unique”, et l’adulation d’un “peuple” mythique, est, quelle que soit l’engagement dont leurs auteurs se réclament explicitement, un discours de la meilleure veine du Front national. Non seulement il est faux, et n’aide en rien à comprendre cette société, mais il conforte le populisme dont se nourrit le Front. On a à juste titre fait remarquer que le Front national n ’était pas parvenu à tenir un discours cohérent pendant ces grèves, et on s’est réjoui qu’il ail été absent du débat. Mais cela ne veut pas dire qu’il ne soit pas la seule force politique à même de relayer ce populisme, et n'invite guère à l’optimisme si la seule conséquence en est une extension de cette rhétorique bien au-delà de sa sphère habituelle.

La confrontation idéologique doit se doubler d’une confrontation politique : là encore il ne suffit pas de bannir les alliances ou les compromissions, surtout quand elles embarrassent les adversaires politiques. Il y faut un engagement résolu en faveur de la démocratisation des institutions, d'un changement des pratiques politiques, par exemple en condamnant le cumul de mandats. Sinon, la dénonciation lepéniste de la confiscation du pouvoir, qui est aussi un de ses thèmes de prédilection, a de beaux jours devant elle. Et bien entendu, ce qui vaut du pouvoir politique vaut à plus forte raison du pouvoir médiatique.

Enfin et surtout, la confrontation doit être sociale : on sait que le vote en faveur du Front national progresse à la faveur du sentiment d’abandon dans lequel se retrouvent des populations en difficulté sociale. La mise en œuvre d’une politique résolue en faveur de la cohésion sociale, de la reconnaissance de droits à la citoyenneté sociale, l’engagement des services publics en faveur des plus défavorisés sont à la fois des objectifs de justice sociale en eux-mêmes, mais aussi le plus sûr moyen de priver le Front national de ses électeurs. Il ne sert à rien de se répandre en considérations plus ou moins savantes sur la nature de l’électorat protestataire, si l’on n’est pas capable d’entendre cette protestation et son bien-fondé, même si son expression est fallacieuse. 


1) Cf. Dominique Jamet, Demain lefront ?, Bartillat, 1995 et Taguieff in Combattre le Front national, D. Martin-Castelnau (dir.), Ed. Vinci, 1995. Le premier trouve neuf attitudes vis-à-vis du FN, le second, sept. Mais elle reprennent dans leurs grandes lignes les cinq évoquées ici.

2) Dans La médiacratie (Flammarion, 1990), François-Henri de Virieu revient sur cet épisode et justifie cette initiative au nom de la liberté d’expression et de la nécessité d’informer, pour se rallier ensuite
à la stratégie de la banalisation.

3) Martine Aubry et Olivier Duhamel, Petit dictionnaire pour lutter contre l ’extrême-droite, Le Seuil, 1995, pp. 242-243. 

 

 

La diabolisation du Front national entretient la violence politique


La dénonciation diabolisante du FN détourne l’atten tion des particularités du présent, elle revient à voi ler le réel sociopolitique par sa reconstruction mécanique au moyen de grosses catégories fourre-tout. [ . . . ] La diabolisation joue le rôle d’une clé de l’histoire, permettant de faire l’économie du moindre effort de recherche et d’analyse. [ . . . ] Elle tient lieu de vision du monde à ceux qui ne veulent qu’en découdre. Diabolisation et violence politique s’entretiennent l’une l’autre.

Pierre-André Taguieff, sociologue

Extrait de L’Evénement du Jeudi du 23/11/1995

 

Pour le développement d’une contre-argumentation des thèses lepénistes


Il faudrait s’engager par exemple dans la tache ingrate d’un examen critique des « 300 mesures » proposées en 1993 par les dirigeants lepénistes. [...] En s’adres sant au « peuple » qui vote Front national [...], on s’appliquerait à démontrer et à réfuter, à reconstruire des logiques d’action politique voilées par l’équivoque, à éclairer l’opinion publique sur les inévitables effets des mesures dites de « préférence nationale ». Montrer non seulement que les propositions lepénistes sur l’immi gration conduisent à l’inacceptable, mais aussi et sur tout que le « programme de gouvernement » du Front national ne peut conduire qu’au chaos, à l’injustice dans le désordre, à la guerre civile. [...] Il faut sortir du cercle vicieux des haines idéologisées qui s’entretiennent indé finiment. Argumenter, plutôt qu’anathémiser.

Pierre Birbaum

Lu dans L’Evénement du Jeudi du 23/11/1995

 

Le Peu, la religion et le silence des médias


On peut être étonné des oublis notables, toutes ces dernières années, pour contrer Le Pen, lorsqu’il fut interviewé par les médias. Citons un exemple.

La question religieuse, comme on le sait, constitue depuis l’origine l’un des points faibles de Jean-Marie Le 3en. Multipliant les références à Dieu, assistant à des messes, invoquant Jeanne d’Arc ou la France « fille aînée de l’Eglise », le chef du Front national ne peut faire oublier que le noyau dur de son idéologie provient des cercles néopaïens et très antichrétiens de la Nouvelle Droite. Il y a là une contradiction redoutable. S’il compte parmi ses sympathisants quelques catholiques inté gristes, Le Pen fut d’ailleurs constamment — et unani mement — dénoncé par l’épiscopat français. Dès 1988, Mar Lustiger comparait le Front national au « néo-paga nisme antichrétien de l’Action française ». Mar Decourtray ne manqua jamais une occasion de fustiger « le mépris, la défiance, l hostilité contre les immigrés » dont témoignait Jean-Marie Le Pen. Ce sont les régions de France à forte imprégnation catholique qui résistèrent le mieux à la pénétration du Front national, et le vote catholique d’extrême-droite demeura minoritaire. Or, bizarrement, les représentants du Front national furent rarement accrochés dans les médias à ce propos. Une défaillance incompréhensible.

F.V. 


Article écrit par Joël Roman.

Article paru dans le numéro 98 d’Alternatives non-violentes.