Pourquoi avez-vous décidé d’être chauffeur de taxi pendant près d’un an ?
F. V. Quand j’ai été licencié économique de mon emploi de cadre, j’ai choisi de devenir chauff eur de taxi parisien, un vieux rêve d’adolescent ! Après avoir réussi l’examen qui permet de conduire un taxi parisien, je suis devenu locataire à la société de taxis G7. Comme je devais m’acquitter de la somme de 170 € par jour au propriétaire de la licence et de la voiture, j’ai dû travailler onze heures par jour, sept jours sur sept, comme la plupart des chauff eurs locataires de taxi, pour un revenu
mensuel net d’environ 1 700 €, plus les pourboires, entre 10 et 20 € par jour. J’ai dû, hélas, arrêter cette activité au bout de dix mois, en raison de problèmes oculaires.
Qu’est-ce qui vous a motivé pour écrire ce livre ?
F. V. J’étais convaincu qu’un ouvrage relatant la vie quotidienne d’un chauffeur de taxi pouvait intéresser beaucoup de monde. Il y a tellement d’histoires savoureuses à raconter ! De la dame âgée qui fait pipi dans la voiture à la rencontre fortuite avec l’académicien Jean d’Ormesson… Toute une galerie de personnages dignes de La Comédie humaine de Balzac ! J’ai voulu également défendre dans ce livre le métier de chauff eur de taxi qui souff re actuellement à Paris d’une mauvaise image de marque. Certes, il existe une minorité de chauff eurs de taxi aigris et parfois malhonnêtes. Toutefois, la grande majorité d’entre eux sont très investis dans leur métier, merveilleusement serviables vis-à-vis de la clientèle. Comment les taxis souff rent-ils de la concurrence déloyale des VTC comme Uber ? Dans mon livre, bourré d’anecdotes, je m’engage en faveur des chauff eurs de taxi, tout en dénonçant parallèlement les conditions de travail déplorables des conducteurs de VTC.
En quoi l’écriture de cet ouvrage s’intègre dans votre parcours de militant non-violent ?
F. V. Comme tous les chauff eurs de taxi, j’ai parfois été confronté à des situations de tension. Par exemple, un légionnaire quelque peu aviné a failli m’envoyer son poing dans la fi gure. J’ai également été impliqué dans des conversations animées portant sur des thèmes sensibles : le Front national, l’islam, le racisme… Dans toutes ces situations qui auraient pu dégénérer, la non-violence m’a été précieuse. J’avais adopté ses principes de base : rester courtois en toutes circonstances, ne jamais répondre aux provocations ; au lieu de tenter d’avoir le dernier mot, engager plutôt la discussion sur un terrain plus neutre. J’ai vécu avec joie et passion mon métier de chauff eur de taxi non-violent, en paroles et en actes. Un métier merveilleux !