Alors que nous célébrons les 30 ans de la Convention internationale des droits de l’enfant (Cide), ratifiée par la France le 20 novembre 1989, des mineurs sont toujours enfermés en centre de rétention administrative (CRA) dans l’Hexagone. Ces centres servent à retenir jusqu’à 90 jours les étrangers interdits de séjour afin de procéder à leur éloignement, souvent dans leur pays d’origine. Depuis 2013, le nombre d’enfants enfermés est en hausse constante. Selon un rapport conjoint de six associations (La Cimade, Assfam-groupe SOS solidarité, Forum réfugiés-Cos, France terre d’asile, Ordre de Malte France et Solidarité Mayotte), 1429 enfants ont été mis en rétention en 2018 sur la base d’une décision préfectorale, dont 1221 à Mayotte. En métropole, ce sont 114 familles, accompagnées de 208 enfants qui ont été conduites de force dans un CRA. Parmi eux, des nourrissons, des enfants et des adolescents.
Les durées d’enfermement vont de un à treize jours : barbelés, grilles, policiers en tenue, promiscuité… les CRA ont tout de la prison et sont souvent le théâtre de suicides, d’émeutes, de grèves de la faim. L’enfermement, même de courte durée, a des conséquences psychologiques fortes et durables sur l’enfant (troubles anxieux, troubles du sommeil, du langage, du développement). La France a été condamnée à six reprises par la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) pour « traitement inhumain et dégradant ». En mai dernier, Unicef a lancé une campagne de mobilisation citoyenne pour mettre un terme à l’enfermement des enfants. Baptisée « Vous avez la clef », elle est soutenue par de nombreuses associations et s’adresse aux préfets mais aussi au ministère de l’Intérieur et au Parlement. ANV soutient cette initiative et vous invite à signer la pétition sur le site Internet de l’Unicef.
Article écrit par Alexandra Scappaticci-Martin.
Article paru dans le numéro 193 d’Alternatives non-violentes.