Auteur

François Vaillant

Localisation

Afghanistan

Année de publication

2014

Cet article est paru dans
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ANV n’a publié aucun dossier sur la désobéissance civile depuis 1998 ! Toute l’équipe de la revue rêvait depuis longtemps de considérer à nouveaux frais cette notion. Le terme « désobéisseur » est volontairement choisi dans ce numéro par plusieurs auteurs. Un article est consacré à l’emploi de ce terme que nous préférons en fin de compte au mot « désobéissant ». De même, tout en respectant ceux qui disent « désobéissance civique », nous préférons parler de « désobéissance civile ». Un autre article s’en explique. Des détails, direz-vous peut-être ? Pas si sûr, tant nous vivons une époque où les actions de désobéissance civile se multiplient et tant le choix des mots importe toujours pour exprimer au mieux le fond de sa pensée.

L’expression « désobéissance civile » est apparue pour la première fois en 1866, comme titre de l’œuvre posthume de Henry David Thoreau, auteur américain du XIXe siècle. Son écrit a inspiré Tolstoï, Gandhi et King, puis des organisations non-violentes dans le monde entier.

Trois aspects préliminaires s’imposent :

  • un acte de désobéissance civile manifeste une transgression à une loi lorsque celle-ci est estimée injuste, avec en toile de fond le débat entre le « légitime » et le « légal ». Ainsi, loin de contester la démocratie, la désobéissance civile vise à la défendre en la protégeant contre ses propres dysfonctionnements moraux et politiques ;
  • s’il est vrai que les Faucheurs volontaires, les Déboulonneurs de pub, le Réseau éducation sans frontières, les Enfants de Don Quichotte… ont mis récemment au goût du jour la notion de désobéissance civile, il n’en demeure pas moins qu’ « aux États-Unis le débat sur la désobéissance civile se poursuit avec une intensité supérieure à celle que nous connaissons en France actuellement : des dizaines d’écrits sont produits chaque année dans la presse spécialisée », comme le note Chloé Di Cintio dans un travail inédit sur John Rawls ;
  • pour Gandhi, King et le philosophe John Rawls, la désobéissance civile n’existe, à proprement parler, qu’en relation directe avec la non-violence. Or, nous pouvons constater, dans notre pays, que plusieurs de nos concitoyens pratiquent la désobéissance civile sans faire le choix explicite de la non-violence. Mais nous pouvons constater que leur expérience est alors souvent pour eux l’occasion de découvrir et d’approfondir la logique de l’action non-violente, alors qu’avant de s’intéresser ainsi à toute la pertinence de la désobéissance civile, le simple mot « non-violence » leur donnait parfois de l’urticaire. Les temps changent !

Ce numéro explore les fondements philosophiques de la désobéissance civile, retrace l’histoire de cette notion, rend compte des étapes inhérentes à ce type d’action, présente des luttes passées et actuelles de désobéissance civile. Je vous en souhaite une savoureuse lecture.


Article écrit par François Vaillant.

Article paru dans le numéro 142 d’Alternatives non-violentes.