Agir au quotidien. La rentrée en sixième

Auteur

Élisabeth Maheu

Année de publication

2023

Cet article est paru dans
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La rentrée en sixième

Lucy est professeur principal d’une classe de sixième. Lors de la première heure, elle invite ses élèves à sortir pour se présenter, avec un ballon. Le directeur accourt : « Madame, ce n’est pas la récréation, si tous vos collègues faisaient de même, ce serait le bazar !». « Monsieur, il s’agit d’une courte mise en condition pour travailler plus efficacement toute l’année. Et si tous mes collègues décidaient de sortir, je m’engage à rentrer ! ».

Lucy, également prof de math, met en place une séance de résolution de problème : à partir de la photo d’une construction en briques Lego, les élèves, en petits groupes, doivent estimer le nombre de briques. Cela discute dur car on ne voit pas l’arrière… On compare les résultats et les stratégies, on optimise la fourchette de résultats possibles. Un problème peut donc avoir plusieurs solutions ? Une solution approximative ? C’est nouveau pour ces petits chercheurs. Lucy sort la construction réelle, pour « aller voir derrière les apparences ».

Dans ce collège, il est coutume de lire tout le règlement intérieur dès le premier jour. Lucy annonce qu’on ne lira qu’un extrait par jour, à relire ensuite chez soi. Elle précise qu’une mini interrogation écrite (non notée !) permettra de vérifier si tout est compris. Surprise : un élève a confondu assiduité et acidité, un autre ponctualité et ponctuation. Et que veut dire « se respecter » ? Une fille affirme : « Si l’autre, il ne me respecte pas, je le respecte pas, je me défends ». C’est assez proche de ce que disent certains adultes : « Vous voulez des droits ? Commencez par respecter vos devoirs ! ». Et voilà ces enfants de 11 ans à discuter des droits inconditionnels… « Oui, précise Lucy, je dois le respect à celui qui ne me respecte pas, mais oui, j’ai le droit de me défendre. Alors, cherchons tous les recours non-violents possibles pour bien se défendre ».

Le texte recommande aussi d’être tolérant. Un garçon pense que la tolérance c’est « de pas embêter les élèves pour 10 minutes de retard ». On distingue ce qui est non-négociable de ce qui peut l’être. Lucy propose un exercice de négociation collective sur les places dans la salle de classe…

 

 

 

 


Article écrit par Élisabeth Maheu.

Article paru dans le numéro 208 d’Alternatives non-violentes.