Texte adressé par Madame la Ministre de l’Éducation et de la Formation aux cadres administratifs, aux représentants des Conseils d’élèves,
des Conseils de parents et des Conseils de professeurs.
En annexe, vous trouverez les références des règlements applicables.
Élisabeth MAHEU, formatrice à l’IUFM de Rouen.
Cette circulaire préparatoire à la rentrée 2009 rappelle les objectifs de la politique éducative, en insistant sur les inflexions nouvelles
Notre politique éducative est motivée par la volonté de faire vivre les valeurs d’égalité, de liberté, de fraternité, qui supposent une laïcité ouverte à l’accueil des différences et protégée de tout prosélytisme, une éducation à la régulation non-violente des conflits, une responsabilisation effective des élèves dans les décisions qui les concernent, un accès tout au long de la vie aux formations, indépen- damment des conditions sociales ou financières, une mutualisation* des compétences par des pratiques coopé- ratives, du type réseau d’échanges de savoirs.
Le débat sur l’école, dans le contexte de la Décennie internationale de la promotion d’une culture de la non-violence et de la paix au profit des enfants du monde, a suscité de nombreuses initiatives citoyennes, qui ont abouti au programme d’éducation à la non-violence et à la paix, de la maternelle au lycée, en vigueur depuis deux ans déjà. L’harmonisation entre les trente membres de l’Union européenne, conjointement à la dernière étape de décentralisation, conduisent à préciser les modalités du pilotage de la politique éducative. Au niveau académique, il revient de décliner les objectifs en fonction des caractéristiques locales, et il incombe aux établissements de les mettre en œuvre en utilisant pleinement leur autonomie.
Des objectifs qui constituent le socle de notre action :
— améliorer la maîtrise des apprentissages fondamentaux, dans les domaines de la lecture et de l’écriture, de l’expression orale et des compétences manuelles ; pro- poser à tous les élèves l’apprentissage des langues et des technologies de communication ;
— permettre à tous les jeunes de sortir du systè- me éducatif avec une qualification positive spécifique ;
— adapter les conditions de scolarisation des enfants et adolescents à besoins éducatifs particuliers ;
— favoriser la poursuite d’études en renforçant le compagnonnage, le tutorat, l’alternance travail-études ;
— développer la responsabilité des élèves, en assumant les coûts liés à une prise de risque mesurée dans des projets favorisant l’accès effectif à l’autonomie ;
— pérenniser les programmes d’histoire de la non-violence et l’apprentissage de la régulation non-violente des conflits ;
— consolider la formation des adultes dans le domaine relationnel.
Moyens et recommandations
— Il est établi que les activités telles que sciences expé- rimentales, cuisine, jardinage, mécanique, menuiserie, couture, économie familiale, critique de documents écrits et audiovisuels, débat philosophique, théâtre, élabora- tion avec les élèves de sorties pédagogiques, classes vertes, visites de musées et d’entreprises artisanales sont autant de supports pertinents pour permettre l’accès du plus grand nombre au déchiffrage des informations, au raisonnement logique et à l’argumentation, à l’écriture et à l’expression orale, et à la production d’œuvres personnalisées et finalisées. Il s’agit d’acquérir des méthodes de travail autant que des contenus.
— L’enseignement artistique, l’éducation phy- sique, l’éducation civique, juridique et sociale, l’éduca- tion à l’environnement durable sont renforcés à tous les niveaux et continuent de s’inscrire dans les dispositifs transversaux, les itinéraires de découverte, en partenariat avec les collectivités locales, les associations cult relles, sportives et de loisirs. Au niveau national, la collaboration avec la chaîne publique de télévision, malgré la résistance de lobbies publicitaires encore tenaces, abou- tit à la programmation d’émissions à la fois très ludiques et éducatives : « Les méga-jeux coopératifs », « Nous sommes tous des maillons utiles », et la dernière née, en remplacement de « Star Academy » : « Myriades d’étoiles », qui met en scène de jeunes musiciens, danseurs, poètes, comédiens, acrobates, menant des projets d’équipe en vue d’une meilleure compréhension entre les peuples. Dans le cadre des projets d’école, il est possible pour des classes de s’inscrire à cette émission dans le cadre des activités scolaires, dès cette rentrée 2009.
— La réforme « évaluer sans dévaluer » a consis- té à distinguer d’une part, la correction pédagogique des erreurs, et d’autre part la comptabilisation des progrès, et la capitalisation des acquis. Aujourd’hui, tous les jeunes sortent du système éducatif avec une qualifica- tion positive spécifique. Les compétences certifiées concernent les connaissances, les savoir-faire et les savoir-être. Elles incluent les « compétences citoyennes » : par exemple, la formation des médiateurs-élèves et celle des délégués-élèves est pérennisée, et donnent droit à une certification. Il convient toutefois de renforcer les processus de validation des acquis de l’expérience (VAE) et de prendre en compte les nouveaux droits introduits par le projet de loi sur la formation tout au long de la vie et les dispositifs qui les accompagnent.
— Une attention particulière sera portée aux élèves à besoins particuliers et au soutien des maîtres afin qu’ils adaptent leurs pratiques en fonction des besoins réels de leurs élèves, autant que possible sans les sortir des classes ordinaires. L’accueil — facultatif et à temps partiel — des enfants de deux à quatre ans, est réhabilité, en harmonisation avec les maisons vertes (d’inspiration Françoise Dolto), les crèches parentales de quartier et les « petites ruches » en milieu rural, réponses qui se sont généralisées.
— L’enseignement des langues est diversifié, en liaison avec les dispositifs d’enseignement international. On veillera à favoriser l’apprentissage à l’école primaire, et suivi au collège, des différentes langues européennes et de l’esperanto. La promotion des langues actuellement moins enseignées, étrangères ou régionales, s’appuiera sur des démarches d’échange et de partenariat avec les autres régions du monde.
— Dans l’enseignement supérieur, la rentrée sera marquée par la mise en place, en faculté des sciences humaines et d’éducation, d’une licence « intelli- gence relationnelle », suivie de plusieurs masters*, dont celui de « Médiations internationales et intervention civi- le de paix ». Ce programme reprend les idées fortes d’une formation expérimentale proposée il y a dix ans par un comité constitué de mouvements non-violents et d’orga- nismes humanitaires. Son financement a été rendu possible par les économies réalisées au ministère de la Défense, suite aux campagnes de désarmement.
Autonomie des établissements et évaluation
L’autonomie pédagogique s’exerce d’une part au niveau des établissements (réflexion collective et décisions au sein du conseil concernant l’offre de formation, la constitution des classes, les emplois du temps) et, d’autre part, au niveau des équipes pédagogiques. Le travail en équipe est le corollaire obligé de la mise en œuvre de l’autonomie. À l’école primaire, une grande souplesse est permise, les choix opérés prenant sens dans le projet d’école. Dans le second degré, il est recommandé d’utiliser les moyens horaires alloués de manière annualisée en s’inspirant des expérimentations existantes : regroupements de classes, objectif commun à plusieurs disciplines, enseignement de base assorti d’un choix d’options régulé, petits groupes de recherche, etc.
Cet élargissement des champs de l’autonomie n’est pas une déréglementation. Les finalités des ensei- gnements s’imposent à tous. La souplesse s’exerce dans les approches et les méthodes. La direction de l’enseignement scolaire met en place un protocole de suivi des expérimentations et des pratiques. Le bilan réalisé en mai-juin 2010 devrait fournir une appréciation fiable des évolutions de compétences, au regard du diagnostic de 2004.
Consolider la formation des adultes dans le domaine relationnel
— On continue à porter une attention soutenue à l’accompagnement de l’entrée dans le métier des jeunes professeurs. La globalisation des budgets intégrant la masse salariale a permis de visualiser que les établissements de centre-ville ont coûté, ces dernières années, beaucoup plus cher que ceux des zones prioritaires, toutes mesures de discrimination positive prises en compte. Le nouveau plan corrige cette réalité en nommant les jeunes professeurs dans les collèges réputés moins difficiles, et les collègues plus expérimentés dans les zones fragiles. Il est vrai que les grands travaux d’ur- banisme et la nouvelle politique économique et sociale ont sensiblement atténué la « fracture sociale » qu’on évoquait encore il y a cinq ans.
— La constitution de binômes de professeurs, basée sur le volontariat, la concertation pédagogique, l’existence d’espaces de parole animés par des tiers, et l’analyse des pratiques professionnelles sont budgétisées. La formation des formateurs dans ce domaine doit être renforcée.
— Les plans de formation visent une meilleure capacité à travailler en équipes pluridisciplinaires, ainsi qu’à monter, conduire et évaluer un projet. Ils doivent aider les enseignants à accueillir les élèves en situation de handicap, les élèves issus d’autres cultures et leurs parents. La formation doit donner des outils pour analyser les difficultés et les situations conflictuelles, gérer les émotions, affirmer une autorité non-violente, choisir des sanctions éducatives.
— Les campagnes menées ces dernières années (« Pas de retenue sans contenu », « Exclure, c’est enfermer dehors ») ont porté leurs fruits. Nous constatons que les mesures punitives qui avaient encore cours à la fin du vingtième siècle — lignes à copier, mots d’avertissement sans suite, colles, exclusions, punitions collectives — ont quasiment disparu. Il est encore utile toutefois de rappeler qu’en cas de transgression, la sanction éducative est un acte qui oblige l’enfant à réparer les dommages causés, à réfléchir sur le sens de la règle bafouée, et à se ques- tionner sur ses motifs. Cette contrainte n’a pas pour objectif d’être pénible, et doit nécessairement être accompagnée d’une écoute et d’une aide dans la recherche de solutions aux problèmes manifestés.
La prévention de la violence doit s’inscrire dans la durée et commencer le plus tôt possible
Pour la première fois depuis plusieurs décennies, nos services ont enregistré une baisse sensible du nombre d’exclusions des établissements, de l’absentéisme et des agressions. Ces résultats semblent pouvoir être attribués aux efforts portés tant sur l’amélioration des compétences relationnelles des jeunes et des adultes, que sur les fonctionnements des établissements. L’effort ne doit pas se relâcher.
Dès l’école maternelle, les moments hebdoma- daires explicitement prévus par les programmes pour le « vivre ensemble » seront exploités dans cette perspective. Les enseignements permettant de comprendre les relations entre les individus et les groupes sont des occa- sions de réflexion sur la loi. Mais il est également néces- saire que les élèves s’exercent à co-élaborer démocratiquement des règles, à leur niveau. Les heures de vie de classe contribuent, par le dialogue et le débat argumen-é, à la recherche de solutions collectives prenant en compte les besoins de chacun.
Les savoirs transmis et les pratiques expérientielles* concourent à rendre les élèves acteurs de leur formation et de leur implication dans la vie de la cité.
NB. * : néologismes acceptés par l’Académie en 2007.