Que pouvons-nous faire pour éviter une militarisation de la police ? Le cas des armes dites "à létalité réduite" en est un bon exemple.
Flashball : stopper l’escalade de la violence
Que pouvons-nous faire pour éviter une militarisation de la police ? Le cas des armes dites «à létalité réduite» en est un bon exemple.
C’est en 1995 qu’apparaissent en France parmi les accessoires de la police les pistolets lanceurs de balles Flashball. Ils sont remplacés petit à petit à partir de 2007 par les LBD, les « Lanceurs de Balles de Défense » Alors que les premiers avaient avant tout pour objectif d’impressionner, les seconds sont des fusils, silencieux et beaucoup plus précis avec viseur à distance. Ils sont classés en catégorie A, « arme à feu à usage militaire » A l’époque, l’usine d’armement Vernet-Caron refuse d’en fabriquer, dénonçant leur effet « potentiellement létal ». Quel est l’effet de ces balles ? « Par leur diamètre, les balles de ces armes ne perforent pas la peau, mais leur force cinétique percute le corps avec une violence considérable, explique Pierre Douillard-Lefevre, auteur du livre L’arme à l’oeil et qui a lui même perdu un oeil suite à un tir à l’âge de 16 ans. Elles peuvent endommager un foie, briser une mâchoire, stopper un battement cardiaque, traumatiser un cerveau ou exploser un globe oculaire ».
En blesser un pour en terroriser des milliers ?
Malheureusement, poursuit-il, « dans l’immense majorité des cas, les tireurs restent impunis ». Sur 40 plaintes déposées depuis 2007, deux ont débouché sur une peine de prison avec sursis. Il faut admirer au passage la langue de bois utilisée : on parle de Lanceur de balles de défense en faisant oublier « qu’un fusil doté d’un viseur militaire, conçu pour tirer des balles en caoutchouc sur des civils est, par définition, une arme offensive ». Nous sommes loin d’en avoir terminé avec ces armes « à létalité réduite », puisque la firme française SAE Alsetex a mis au point un nouveau fusil, le Cougar MS, qui peut tirer 20 coups par minutes et envoyer des grenades ou des balles en caoutchouc. Par ailleurs, l’État français a passé contrat avec l’entreprise Alsetex (Sarthe) pour l’achat de pas moins de 115 000 balles en caoutchouc… alors que ces dernières années le nombre de tirs de ces balles déclarés par la police avoisinait les 3 000 par an. Que veut-t-on faire de ces stocks ?
Les 22-23 octobre 2016, démilitarisons les conflits !
Des voix s’élèvent pour dénoncer le caractère anti-démocratique de ces armes et la militarisation de la police à laquelle elles participent. Début 2016, l’Acat rendait publique une étude indiquant que depuis 2005, 39 personnes
ont été grièvement blessées et un homme tué à la suite de tirs de telles armes. Selon Politis, en juillet 2015, le Défenseur des droits, Jacques Toubon, recommandait « d’interdire l’usage du Flashball superpro dans un contexte de mobilisation » et demandait « la réintroduction de certaines précautions d’emploi (zones de tir, avertissement) pour l’usage des LBD », mais le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve s’y était opposé. Au-delà de ces aménagements, c’est une interdiction de ces armes qui pourrait faire l’objet d’une campagne des mouvements engagés pour la non-violence. Les 22-23 octobre, une action nationale se tiendra devant l’usine d’armement Vernet-Caron à Saint-Étienne afin de dénoncer les violences policières à l’initiative du collectif « Pour le désarmement des polices, pour la démilitarisation des conflits ». Le 25 octobre 2015, premier anniversaire du décès de Rémi Fraisse, déjà le collectif Pont-de-Buis 2015 avait bloqué l’usine Nobelsport, fabricant de grenades lacrymogènes et de balles de défense situé dans le Finistère. Le 28 février 2016 à Notre-Dame-des-Landes, l’inter-comités Notre-Dame-des-Landes a décidé de faire du 25 octobre une date récurrente d’actions pour le désarmement des polices et la démilitarisation des conflits, ciblant chaque année une usine d’armement différente.
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