Chaque jour, depuis la mi-janvier, des passants déposent des fleurs, à Moscou, boulevard de l’Ukraine, au pied d’une statue dédiée à Lessia Oukraïaka, poétesse ukrainienne décédée en 1913. Leur geste s’accompagne parfois d’un moment de recueillement. Il s’accomplit en silence, sous le regard de policiers stationnant à proximité avec gyrophare et caméra. La nuit venue ...

Chaque jour, depuis la mi-janvier, des passants déposent des fleurs, à Moscou, boulevard de l’Ukraine, au pied d’une statue dédiée à Lessia Oukraïaka, poétesse ukrainienne décédée en 1913. Leur geste s’accompagne parfois d’un moment de recueillement. Il s’accomplit en silence, sous le regard de policiers stationnant à proximité avec gyrophare et caméra. La nuit venue, les fleurs disparaissent, emportées par une voiture banalisée. Le lendemain, des centaines de nouvelles fleurs sont à nouveau amenées.

Si aucune loi n’interdit encore de déposer des fleurs dans l’espace public, il faut pourtant un certain courage pour s’y livrer. Et s’affranchir de la peur de la répression, alors qu’il n’y a quasiment plus de protestations publiques depuis les 22 000 arrestations survenues lors des premières semaines de « l’opération militaire spéciale » de la Russie en Ukraine.

Est-ce le début d’une vague de contestation non-violente, car abondent en Russie les grandes artères portant le nom de l’Ukraine, un héritage de l’époque de l’ère soviétique ? Le « mémorial citoyen fleuri » s’est en tous cas diffusé dans plus de 35 villes, dont Saint-Pétersbourg et Omsk, note le journal Le Monde du 27 janvier 2023. A l’évidence, l’avenir de la guerre de Poutine en Ukraine se joue aussi en Russie, après notamment l’exil, surtout en Géorgie, de plus de 100 000 hommes en âge d’être mobilisés. Et maintenant ces fleurs !

                                                                                                          François Vaillant