Extrait d’un entretien avec Delphine Batho, écologiste, députée des Deux-Sèvres : « Je suis pour la non-violence. La bataille de l’eau ne sera pas gagnée par la guérilla et le sabotage. Elle le sera sur le terrain de l’expertise scientifique, le terrain juridique et surtout celui de la mobilisation citoyenne et démocratique. Le bilan humain des affrontements à Sainte-Soline est dramatique. C’est aussi un échec pour la stratégie de la confrontation violente. Ce doit être …

un tournant pour le mouvement écologiste.

Nombre de manifestants étaient pacifiques. Ne pas y participer, n’est-ce pas laisser le champ libre aux violents ?

Bien sûr que le nombre de manifestants étaient pacifiques. Mais il n’y avait aucun doute sur l’intention des organisateurs d’aller à l’affrontement. Ce que je dis sur la non-violence vient d’une longue expérience militante d’une lycéenne qui a vu comment les casseurs pouvaient casser un mouvement social. La violence joue contre nos causes et nous coupe des catégories populaires, du monde du travail, du monde rural. Le pouvoir préfèrera toujours des images d’un camion de gendarmerie qui brûle plutôt qu’un débat sur sa politique sur l’eau. La non-violence n’est pas un choix de Bisounours face à un système destructeur, mais un choix lucide d’efficacité politique pour renverser ce système. Je suis pour la décroissance et la désobéissance civile, mais la radicalité ne se confond pas avec la violence. Nous devons construire un mouvement de masse ainsi qu’un débouché politique. Je partage la rage et la colère que provoque l’inaction climatique. Mais il n’y a pas de raccourci possible : on ne construit pas un monde plus juste par la violence.

Pourquoi le gouvernement s’entête-t-il ?

Il a voulu les scènes de violence, le face-à-face avec les blacks blocs pour choisir des adversaires à sa portée tout en traitant avec mépris les élus locaux et les associations environnementales. C’est une stratégie d’asservissement de l’État aux intérêts de l’agro-industrie. Ce n’est pas un hasard que les travaux ont commencé lorsque la FNSEA tenait son congrès dans les Deux-Sèvres, avec la présence du ministre de l’Agriculture. Cette stratégie mise à décrédibiliser le mouvement écologiste. C’est un piège comme le nez au milieu de la figure. Je ne suis pas tombée dedans.

Le ministre de l’Intérieur a annoncé sa volonté de dissoudre le collectif des Soulèvements de la Terre. Qu’en pensez-vous ?

Je suis pour la non-violence. J’ai un désaccord stratégique avec leurs modes d’action. Mais ce n’est pas à Gérard Darmanin d’arbitrer les débats internes au mouvement écologistes. Je suis pour l’État de droit. En matière de dissolution, il y a une jurisprudence du Conseil d’État. Le pouvoir ne peut pas dissoudre un mouvement contestataire parce qu’il ne lui plaît pas. Il lui faut apporter la preuve de provocation à des agissements armés, de milices armées, de groupes de combat… »

Lire ici tout l’entretien paru dans le journal L’Humanité.