Auteur

François Vaillant

Localisation

Afghanistan

Année de publication

2014

Cet article est paru dans
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Y aurait-t-il source de conflits intrinsèques à l’adolescence ? Et que dire tout d’abord de l’adolescence, de ce temps absolument unique, où l’être humain n’est plus un enfant et pas encore un adulte ?

Ce numéro, Adolescences au risque de la violence, incite à trouver des réponses éducatives, passant de la violence au conflit, puis du conflit à sa régulation, tant l’option pour la non-violence est recherche d’humanité, même et surtout si[1] :

  • « Grandir est par nature un acte agressif » (Winnicott) ;
  • « Il n’y a pas d’adolescence sans conflit » (Xavier Pommerau) ;
  • « L’adolescent se pose en s’opposant » (P. Bernard) ;
  • « L’adolescent, le préadolescent, demandera toujours plus que ce que peut lui donner l’adulte le plus tolérant » (Anna Freud) ;
  • « L’adolescent est plus raisonneur que raisonnable » (professeur Debesse) ;
  • « Une résolution satisfaisante des conflits et frustrations est la condition indispensable à la construction de la personnalité » (professeur Bernard).

Selon une enquête 2, 85 % des jeunes des pays industrialisés traversent la période de l’adolescence plutôt bien, sans violence caractérisée, subie ou infligée à autrui. Pour les autres 15 %, des traces traumatiques d’une adolescence mal vécue perdurent. Or, comme le montre cette enquête, ces jeunes sont précisément presque toujours des personnes qui ont des parents ayant la quarantaine, période de vie sujette parfois à une vraie crise dans la vie affective, existentielle, professionnelle… Il y aurait donc souvent une coïncidence chronologique entre l’adolescence mal vécue et la crise de la quarantaine de certains parents. Mais il s’en déduit aussi que la fameuse crise de l’adolescence est plutôt bien traversée quand le garçon ou la fille se retrouve avec des adultes qui savent où ils en sont, quand leur « oui » et leur « non » ont valeur effective de « oui » et de « non », et que leur raison d’être est expliquée !

Les journaux télévisés et de la presse écrite ne disent pas assez combien la grande majorité des adolescents sont étonnants de vie, de projets, de dévouement, de solidarité. Si on fait confiance aux adolescents, ils surprennent. Les conflits et agressivité, qu’ils rencontrent comme tout un chacun, ne les affolent pas durablement. Leur refus de la violence est fréquent ; que l’on se souvienne des manifestations anti-CPE. Rarement une génération a autant développé le sens du respect que celle-ci. Ne l’oublions jamais quand l’on regarde la télévision ou lit les journaux.

 

[1] Les citations qui suivent, malheureusement sans références complètes, sont extraites de la conférence « La relation éducative est-elle nécessairement conflictuelle ? » de Jean François, prononcée lors des rencontres nationales organisées par les Ceméa, à Aurillac, en juin 2006.


Article écrit par François Vaillant.

Article paru dans le numéro 143 d’Alternatives non-violentes.