Auteur

Élisabeth Maheu

Année de publication

2020

Cet article est paru dans
198.jpg

Faut-il diffuser des caricatures de Mahomet pour défendre la liberté ? Le vaccin anti-Covid doit-il être obligatoire ? Voilà le genre de questions débattues pendant cet atelier, dont le but est de s’entraîner à des échanges de qualité. L’exercice se termine par un temps d’analyse. En voici quelques extraits :

« La caution scientifique des experts, ça m’énerve ! » Brandir un chiffre, ce n’est pas scientifique. Les vrais scientifiques comparent beaucoup de chiffres, ils ne bétonnent pas, ils s’étonnent, ils questionnent ? Ils vérifient et diversifient leurs sources.

Nous expérimentons la place des émotions : « Agacée, je suis devenue moi-même agressive » « Me sentant dépassée, je me suis refermée comme une huitre » Quand on met des mots sincères sur ses émotions, les autres sont souvent touchés. L’authenticité force le respect. Et un bon éclat de rire, ça fait du bien.

Nous mesurons l’importance des affects. Peut-on « disserter avec une personne qui a perdu un proche à cause du Covid, ou au Bataclan ? » Dans le groupe, Paul craint de mettre son amie en difficulté, Marie n’ose pas s’opposer à son employeur. Fred aime que cela ne soit pas trop consensuel. Il défend vigoureusement ce qui lui tient à cœur ; mais certains se sont sentis culpabilisés par ses propos.

« Jusque-là, j’étais d’accord avec toi, mais je ne te comprends plus, peux-tu préciser ? ». C’est cet effort de compréhension qui permet à l’autre de se sentir reconnu, et l’argumentaire peut s’enrichir des différences. La réalité est souvent complexe.  

« Certaines prises de parole n’en finissent pas ! » Quand une personne a un truc fort à confier, c’est bien qu’elle puisse le faire en sécurité. C’est enrichissant d’écouter quelqu’un donner une analyse un peu fouillée. Mais certains se répètent, se dispersent, s’expriment confusément… et croient avoir été brefs. Sans viser une égalité chronométrée des temps de parole, la présence d’un régulateur est précieuse quand il intervient avec tact, tout en gardant un œil sur l’objectif et un autre sur la pendule, mais avec le souci de chacun et de l’équité entre tous.


Article écrit par Élisabeth Maheu.

Article paru dans le numéro 198 d’Alternatives non-violentes.