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2023

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Quelle est la qualité de notre écoute ? Quelques personnes nous disent comment, un jour d’épreuve, elles se sont senties écoutées… ou non !

Élisabeth Maheu est membre du comité de rédaction d'ANV.

Geneviève : « Mon compagnon venait de décéder brutalement… Une amie venue me rendre visite se met à me raconter sa vie : « Je suis bien placée pour te comprendre, la même chose m’est arrivée il y a 6 ans. Ce fut très dur… et le pire ce n’est pas au début, quand tout le monde te soutient… » À voir sa mine désespérée, j’avais l’impression que c’était à moi de la consoler… dommage pour elle, mais ce n’était pas le bon jour ! »

Fabien : « Quand ma femme est morte, les voisins se sont précipités chez nous. Les sanglots des uns m’empêchaient de respirer. D’autres se forçaient à de très larges sourires qui me laissaient de marbre. Quant aux messages sur la communication toujours possible avec ma femme « vivant toujours quelque part », ils avaient le don de m’exaspérer.»

Pauline : « En apprenant au tribunal la mise en détention de mon frère,  j’étais dévastée. Spontanément, les deux amis qui m’entouraient me serrèrent entre eux. Ce contact physique, spontané et silencieux m’a donné de la force. »

Leïla : « Un jour de gros souci, je me confiais à mon collègue… Il m’invita à m’asseoir, s’assit lui-même à la table face à moi et m’invita à parler. Ses mains étaient ouvertes paumes vers le haut. Il penchait légèrement la tête, il souriait et reformulait mes phrases d’une voix très douce… Mais j’eus soudain le sentiment désagréable qu’il appliquait des consignes comme s’il sortait tout droit d’un stage sur l’écoute active, le cœur n’y était pas. Mon envie de me confier disparut sur le champ ! »

Pedro : « Ma voisine a des problèmes. J’essaie de l’aider. Mais elle a si souvent été flouée qu’elle se méfie de tout. Il faut du temps pour qu’elle parle. Elle a peur de ne pas être crue. Elle ne veut pas non plus être plainte comme une éternelle victime. Je reconnais qu’au début j’avais tendance à lui donner des conseils avant même qu’elle en demande. Mais j’ai appris à la considérer comme responsable de sa vie. Écouter c’est accueillir, il faut savoir se taire, et même accepter que l’autre se taise ! »

 

 

 

 


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Article paru dans le numéro 207 d’Alternatives non-violentes.