La revue ANV condamne avec vigueur la violation du droit international et de la souveraineté de l'Ukraine dont s’est rendu coupable Vladimir Poutine en attaquant l’Ukraine.

La capacité de défense militaire de l’Ukraine a été anéantie en quelques heures, même si des combats locaux vont continuer – sans avoir la possibilité de repousser l’occupant russe. Faut-il s’en étonner quand un belligérant dispose d’une force militaire aérienne, navale et terrestre infiniment supérieure à celle d’un pays agressé ?

Il nous faut comprendre que :

  • Tout soldat russe s’imagine qu’il est dans son plein droit après avoir subi depuis des années un lessivage de cerveau par la propagande organisée par V. Poutine et le Kremlin.
  • V. Poutine – ancien officier du KGB – utilise le mensonge comme arme de guerre. N’affirmait-t-il pas le 21 février que les armées russes commençaient à se retirer des frontières Est de l’Ukraine ?
  • La Russie connaît une crise économique d’ampleur inédite se traduisant par de plus en plus de personnes pauvres. En réveillant le sentiment nationaliste russe, V. Poutine tente de faire oublier cette situation, aggravée par les 700 000 morts non officiels du Covid.[1]
  • Il est vain de proclamer qu’il faudrait maintenant livrer des armes à l’Ukraine et aux pays proches (Roumanie, Moldavie, Géorgie, pays baltes…). V. Poutine n’attend que ça pour légitimer davantage ses interventions militaires.
  • Le principal allié du Kremlin est le régime Chinois de Xi Jinping. Le premier veut restaurer son emprise sur ce qu’était une partie de l’URSS pendant que le second s’avère toujours prêt à reprendre Taïwan, après avoir déjà mis le Tibet et Hong-Kong dans son giron.
  • Nous devons aussi prendre au sérieux les opérations militaires russes actuellement en mer Noire, en particulier autour du gisement de gaz de l’Ile aux Serpent dont les eaux territoriales sont partagées entre la Roumanie et l’Ukraine, sans oublier l’implication du Kremlin dans le conflit du Proche-Orient en méditerranée (Turquie, Syrie, etc.).[2]

Que faire maintenant ?

- Participer en France aux nombreuses manifestations de soutien au peuple ukrainien.

- Refuser de soutenir le projet de livrer des armes à l’Ukraine, comme le préconisent plusieurs personnalités occidentales. Cela permettrait à V. Poutine de légitimer l’emploi de ses armées pour réprimer davantage les populations ukrainiennes. Il faut sortir de la spirale de la violence pour éviter des bains de sang touchant les civils.

- Accroître les sanctions financières et économiques contre les dirigeants russes et contre la mafia des oligarques russes, même si des intérêts occidentaux sont alors touchés (approvisionnement en gaz, exportations et importations avec la Russie et ses alliés, etc.). - Se protéger de manière urgente des cyber-attaques russes dont nous pourrions être victimes en retour,

- Développer une véritable politique d’accueil des réfugiés ukrainiens en Europe et en France.

- La France, présidant le Conseil de l’Union Européenne, doit également prendre l’initiative de déclarer motif d’asile politique la désertion de soldats ukrainiens et russes en temps de guerre.

- Encourager et aider la population ukrainienne à exercer une résistance civile non-violente[3] : non-collaboration avec l’occupant, désobéissance civile, blocage économique du pays, interpellation par la population des soldats russes, etc. Avec sa révolution orange, le peuple ukrainien avait réussi en 2004 à montrer au monde entier que la force de la non-violence prévaut sur celle des armes[4].

 

Tout en manifestant son soutien au peuple ukrainien, la revue ANV déplore que des pays européens, dont la France et l’Allemagne, ne préconisent que la défense armée, comme si elle était la seule forme de résistance efficace. C’est ignorer la possibilité d’une défense civile non-violente qu’il conviendrait par ailleurs de déjà mettre au point en France. Elle aurait été une lueur d’espoir et une source d’inspiration pour le peuple ukrainien.

 

                                                                                                                                  François Vaillant et Georges Gagnaire


[1] Selon l’agence de presse Reuters, il y aurait déjà eu 700 000 morts du Covid, soit trois fois plus que le nombre officiel russe. La raison du nombre élevé de morts du Covid est à mettre en relation avec le fait que seulement 20 % de la population s’est fait vacciner par le Spoutnik V, exprimant là sa méfiance à l’État russe.

[2] Le Monde.fr - Publié le 27 février 2022 sur le blog de Jean-Pierre Filiu et le 26 février article de Mirel Bran (Bucarest, correspondant).

[3] Comme cela a eu lieu en août 1968 en Tchécoslovaquie face aux armées du Pacte de Varsovie. Voir la vidéo https://www.herodote.net/21_aout_1968-evenement-19680821.php.

Ces actions avaient abouti à une démoralisation des soldats d’occupation. « Les Tchécoslovaques, écrivait Le Monde dans son éditorial du 29 août 1968, ont été renforcés dans leur détermination par l’efficacité de la résistante non-violente à la fois spontanée et organisée. (…) L’occupant, incapable de donner des ordres ou de faire respecter la moindre instruction à la population devenait grotesque. Terrifiant si l’on ne s’en tenait qu’à la puissance des armes, il était écrasé moralement, aussi bien par sa propre incompréhension de la situation que par l’hostilité et l’ingénieuse résistance du peuple tchécoslovaque. » Un soldat démoralisé est un soldat désarmé.

Concernant la défense civile non-violente, voir également 9 diaporamas sur https://www.irnc.org/IRNC/Diaporamas/33

[4] Voir la vidéo https://www.youtube.com/watch?v=-Y3h9ao0-7E