Auteur

François Vaillant

Localisation

Afghanistan

Année de publication

2010

Cet article est paru dans
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On entend régulièrement dire, au moins depuis vingt ans, que les violences à l’école se multiplient, que le niveau des élèves baisse, qu’ils ne savent plus ni écouter ni obéir, que l’autorité des enseignants se perd, et — cerise sur le gâteau — que plusieurs d’entre eux prônent depuis deux ans la résistance et la désobéissance à des circulaires ministérielles.

Ce numéro d’ANV aborde la situation à l’école par un autre bout, refusant de s’enferrer dans la plainte et voulant être constructif. Car, en dépit des anathèmes et des malentendus dont ils sont souvent l’objet, la grande majorité des enseignants, de la maternelle au lycée, ne sont nullement de doux rêveurs qui auraient abdiqué leur autorité et renoncé à transmettre des savoirs. Ils manifestent en réalité une formidable volonté d’instruire et de former à la liberté.

S’il est vrai que le problème de l’autorité est au centre de toute attitude éducative, pourquoi parle-t-on si peu de nos jours de son corollaire, l’obéissance ? Face obscure de l’autorité, le thème de l’obéissance risque de transformer celui qui en parle en un conservateur obtus, un réactionnaire patenté ! ANV prend le risque, dans ce numéro, d’associer le thème de l’autorité à celui de l’obéissance, « puisque l’autorité requiert toujours l’obéissance[1] », comme Hannah Arendt l’a judicieusement remarqué.

La question de l’obéissance interroge de plein fouet ceux et celles qui ont choisi l’option de la non-violence, laquelle conduit parfois à désobéir à des règles et des lois. La désobéissance civile n’écrit-elle pas de nos jours des lettres de noblesse avec notamment les actions des faucheurs volontaires, des déboulonneurs de pub, des désobéisseurs pédagogiques… D’où cette question : l’autorité à l’école peutelle aller de pair avec une éducation à la liberté, apprenant à des « pas-encore-citoyens » à désobéir ? Oui, répondent ici des auteurs. Pourquoi ?

Nous savons que la permissivité conduit au laxisme et que l’autoritarisme mène tout droit soit à la soumission soit à la révolte. L’option pour la non-violence ouvre une autre voie, celle d’une autorité qui affirme sans agresser, qui écoute sans juger, qui apprend à coopérer en tenant compte des difficultés et richesses de chacun.

Le métier d’enseignant est un très beau métier. Encore conviendrait-il que la pédagogie ne soit pas reléguée aux oubliettes dans la formation des enseignants, comme c’est le cas avec les réformes de la période sarkozyste.

 

[1] Hannah Arendt, La crise de la culture, Paris, Gallimard, « Folio », 1972, p. 123.


Article écrit par François Vaillant.

Article paru dans le numéro 154 d’Alternatives non-violentes.